Quatre jours après la défaite à domicile contre l’équipe suisse de Schaffhausen, les partenaires de Timmy Petit retrouvent à nouveau le 40x20m de Beaublanc ce soir contre l’US Ivry. Une équipe qui est toujours à la recherche de ses premiers points en championnat cette saison. 

Le LH traverse une période compliquée avec trois défaites de suite, dont celle de mardi dernier contre Schaffhausen. Après une première mi-temps bien maîtrisée, que s’est-il passé en seconde période pour que la confiance change de camp ? 

T.P : “Je pense qu’il y a des matchs comme ça, on ne peut pas être bon tous les soirs. Maintenant, c’est vrai qu’on est sur une série de trois défaites d’affilée, et c’est quelque chose qu’on vit très mal. Ce n’est jamais facile de pouvoir se relever après une série de matchs perdus. On avait le match en main, et avec tout le respect que j’ai pour eux, on n’avait pas l’impression d’être inférieur à cette équipe. Je pense qu’on n’a pas su mettre les ingrédients lorsqu’on avait les opportunités. En défense, on a laissé passer trop de détails. On pouvait gagner ce match, mais on a cette chance de les rejouer très vite, donc on doit tirer des leçons de cette rencontre pour aller chercher un résultat positif là-bas. Mais, il faut d’abord gagner ce soir en championnat, c’est très important, et ensuite, on se concentrera sur ce match de Coupe d’Europe.”

Vous affrontez Ivry ce soir, une équipe qui n’a pas encore gagné en championnat cette saison, est-ce le meilleur moment pour se relancer ? 

T.P : “C’est justement le genre de match piège, ils ne sont pas en confiance, mais il ne faut pas oublier que nous sommes dans une phase compliquée. Il faut évidemment prendre cette équipe d’Ivry au sérieux, peu importe leur place actuellement au championnat. On a préparé ce match comme tous les autres et on va essayer de tout donner, car on a effectivement cette opportunité de renouer avec la victoire chez nous, à la maison. On doit redonner le sourire à notre public donc il faut gagner ce soir à Beaublanc.”

Cette rencontre contre Ivry peut-elle être le match de la peur, avec, en cas de défaite, un quatrième match sans succès avant deux déplacements compliqués à Schaffhausen et Nantes ? 

T.P : “Je ne pense pas qu’il y a un sentiment de peur, on pense pas à la défaite. On a vraiment cette envie de pouvoir sortir avec une belle victoire chez nous, on a tous confiance en nous. Cette semaine a été riche, avec beaucoup d’émotions donc il va falloir retransmettre ces émotions sur le match de ce soir. Je ne pense pas qu’on soit dans une situation de peur.”

Sur un plan plus personnel pour toi, on a l’impression depuis quelque temps que tu as un jeu qui se porte davantage vers l’attaque, tu marques des buts, est-ce que c’est une volonté de ta part d’avoir un jeu plus offensif ? 

T.P : “Bien sûr, j’ai toujours eu cette volonté d’aller vers l’avant, pouvoir prendre plaisir à aider mon équipe en attaque, prendre plaisir personnellement à mettre des buts, et apporter ma pierre à l’édifice. Maintenant, avec les diverses blessures qu’on a malheureusement dans l’équipe, ça me donne cette fenêtre pour pouvoir m’exprimer davantage en attaque et ça se voit depuis quelque temps maintenant. J’essaye d’attirer tout le positif de ça, les coachs essayent de me faire rentrer dans la rotation, et j’essaye de répondre présent en défense, car ça reste mon domaine de prédilection, mais aussi en attaque. J’ai toujours eu ce projet à long terme de pouvoir jouer sur les deux parties du terrain.”

Vous vous rendez en Suisse en début de semaine prochaine, contre cette équipe de Schaffhausen qui vous a battu mardi dernier. Est-ce le match de la peur qui pourrait sceller votre avenir en European League ? 

T.P : “Le coach nous a clairement dit que la priorité reste le championnat. Lorsqu’on va en Coupe d’Europe, on ne ressent pas cette pression qu’on pourrait avoir dans un autre cas de figure. On reste évidemment des compétiteurs, qui ont soif de victoire, donc on veut rendre fier nos supporters et nous-mêmes. On va aller là-bas avec les crocs, avec cette envie de faire un résultat positif. En cas de défaite, je ne pense qu’il y aurait de regret, il ne faut pas oublier que c’est la première expérience en coupe d’Europe du club, pour beaucoup de joueurs dans le vestiaire, c’est la première fois qu’ils jouent en coupe d’Europe. Donc s’il y a meilleur que nous, alors on n’aura pas de regret. On ira là-bas avec la dalle, on jouera les matchs à 100% mais s’il y a meilleur que nous, ce sera comme ça, c’est le sport.”

Peux-tu nous parler de ton expérience en Coupe d’Europe avec Saint-Raphaël

T.P : “J’étais assez jeune, je n’avais pas joué tous les matchs à l’époque, mais j’ai eu cette opportunité d’être quelques fois dans le groupe. Je ne pense pas que je réalisais tout ça, car j’étais très jeune, je devais avoir 17 ou 18 ans, et je ne pense pas que je prenais réellement conscience, je kiffais juste. Je me rappelle qu’on avait joué dans l’aréna de Veszprém, j’avais pu rentrer en jeu, et c’était magnifique, parce que quand j’étais gosse, je regardais ce genre de match à la télé, et je ne pensais pas y arriver aussi vite. Je jouais contre des mecs qui avaient des années d’expérience devant moi, donc j’ai beaucoup aimé cette expérience, ça m’a donné envie de rejouer la Coupe d’Europe, et c’est chose faite cette année avec le LH.”

“Aujourd’hui, avec Limoges, j’entame cette compétition de manière différente, et moins avec l’esprit que j’avais quand j’étais plus jeune. Pour moi, c’est comme un match de championnat, car si tu commences à te dire que c’est la Coupe d’Europe, à te mettre une pression supplémentaire, finalement, tu ne fais pas le boulot.”

Quand tu vois les jeunes aujourd’hui au LH qui jouent leurs premiers matchs de Coupe d’Europe, tu te retrouves en eux lorsque c’était toi ?

TP : “Oui, forcément, mais ils gèrent très bien la chose, lorsqu’ils viennent avec nous, je n’ai pas l’impression de les sentir en difficulté. Ils font leur boulot, c’est super d’avoir des jeunes comme ça qui n’ont pas de pression particulière. Je me vois en eux, mais je pense qu’ils vivent ces matchs avec moins de pression, car pratiquement toute l’équipe est novice dans cette compétition, donc on est tous dans la même situation.”

On va finir cette interview avec une question qui concerne ta région natale, la Guadeloupe, qui vit une situation difficile en ce moment. Tu es très attaché à ce territoire et ta famille vit là-bas, est-ce que cela peut avoir un impact sur ta vie de handballeur ?

T.P : “La situation aux Antilles est compliquée en ce moment, notamment chez moi, mais bien que ce soit médiatisé en ce moment, ça ne date pas d’aujourd’hui malheureusement. Cela fait des années que ces problèmes-là sont présents sur mon île, et je l’ai également vécu, j’ai grandi dans tout ça. Aujourd’hui, le peuple décide de se révolter et j’espère que les personnes qui se regroupent pourront trouver un terrain d’entente avec les politiciens et qu’ils pourront mettre un terme à tout ça. C’est la réalité de la Guadeloupe, c’est une très belle île, mais il y a des points noirs.”

“J’ai forcément toujours un œil sur mon île, car j’y suis très attaché, j’ai encore toute ma famille là-bas, et je les appelle très souvent. Sur ma façon de jouer, ça me donne encore plus de rage, de détermination, pour libérer tout ça sur le terrain. J’ai envie de bien faire et de représenter mon île à ma manière, dans mon domaine, ma passion, qui est le handball. C’est le seul moyen que j’ai de leur montrer que je suis en mission et de représenter fièrement le peuple guadeloupéen.”

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